C'est officiel depuis ce mardi 6 mai : Le Maroc vient d'intégrer pour la première fois le cercle des pays ayant un indice de développement humain élevé (IDH), le rapport du Programme de développement des Nations Unies (PNUD) a parlé.
Événement historique pour le Royaume mais également symbolique, à quelques jours seulement du 20 ème anniversaire du lancement de l'initiative nationale pour le développement humain par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et près de 5 ans après le chantier de la généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO) entamé par le Souverain.
Retour sur ces 2 dernières décennies de politique sociale et les défis à relever pour consolider les acquis du Maroc dans ce domaine.
l'Initiative nationale de développement humain (INDH) : le point de départ
Nous sommes le 18 mai 2005.
Le Royaume est en plein chantier au niveau infrastructures.
Le Port de Tanger Med, fer de lance du développement économique du nord du Maroc, est en construction.
Le réseau autoroutier continue son extension. Le pays est à la traîne concernant l'indice de développement humain qualifié de moyen par les instances onusiennes.
C'est dans ce contexte que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors de son discours à la Nation, lance officiellement l'initiative nationale de développement humain en 2 phases, destinée à lutter contre la pauvreté en milieu rural, l'exclusion en milieu urbain et promouvoir les droits de la femme et des enfants.
Pour cela 10 milliards de DH sont consacrés pour la période 2006-2010 pour amorcer ce projet ambitieux.
En 2018, la 3 ème phase de l'INDH prend le relais , donnant la priorité à la préservation de la dignité, à lutter contre les freins au développement , l'amélioration des revenus , et favoriser une meilleure inclusion économique des générations montantes.
Contrairement aux 2 premières phases qui concernaient un nombre déterminé de communes, la troisième phase a englobé toutes les régions du Royaume de 2019 à 2023.
Aussi bien en ville qu'à la campagne, de nombreux foyers vulnérables voient leur conditions de vie s'améliorer sensiblement.
Des micros entreprises et des coopératives dans divers secteurs (artisanat, agriculture, couture, tourisme), gérées par des jeunes et des femmes, ont vu le jour.
Les 2 décennies qui se clôturent marquent aussi l'éradication de la pauvreté absolue au Maroc.
La généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO) : le coup d'accélérateur du processus
Nous sommes au mois de mars 2020.
La pandémie de la COVID 19 , qui fit son apparition à la fin de l'année précédente, se répand aux 4 coins de la planète.
Le Maroc se distingue mondialement par sa réactivité en adoptant une batterie de mesures draconiennes tant sur le plan médical et social : fermeture totale de son espace aérien et maritime, confinement strict, mobilisations de son industrie pour fabriquer des masques à l'échelon national puis à l'exportation et accords stratégiques avec la Chine pour l'acquisition puis la fabrication de vaccins sur le sol national.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI met en place un fonds spécifique d'urgence de 10 milliards de DH pour remettre à niveau le dispositif médical en termes d'infrastructures adaptées et moyens supplémentaires à acquérir.
Pour une partie non négligeable (et souvent très modeste) de la population active vivant encore de l'économie informelle , ce fonds a permis de leur apporter une aide financière pour limiter au mieux les pertes dûes à l'absence d'activité, les personnes travaillant dans les secteurs du tourisme, du transport et de la restauration en ont été les principaux bénéficiaires.
Afin de s'inscrire dans la continuité de l'initiative nationale pour le développement, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors de son discours du trône du 29 juillet 2020, lance le plus grand chantier social de son règne, jusque-là en gestation depuis 2005: la généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO) à l'ensemble de la population dans un délai de 5 ans .
Des campagnes de sensibilisation à la télévision et dans les administrations publiques sont lancées pour inciter la population à effectuer les démarches.
En mars 2025, Nadia Fettah, ministre de l'Économie et des Finances, annoncé que près de 22 millions de marocains supplémentaires ont été inscrits depuis dans divers systèmes de protection sociale.
Aujourd'hui près 90 % de la population bénéficie de l'assurance maladie obligatoire et la sensibilisation continue pour atteindre le taux plein d'ici fin juillet.
2025 :Un Seuil franchi et les défis d'une consolidation des acquis
Arrive enfin cette semaine le fameux rapport du Programme des Nations Unies pour le développement où 2 décennies d'efforts sont récompensées : le Royaume intègre officiellement et pour la première fois de son histoire,le cercle des pays dont l'indice de développement humain est élevé en atteignant le seuil de 0,700.
Au delà de ce succès, l'organisme onusien a également salué la vision éclairée de Sa Majesté afin de bénéficier à la population de tous les moyens d'épanouissement et d'inclusion économique et social.
Si toutes les régions du Royaume sont concernées aujourd'hui par la dynamique de développement, bon nombre de défis attendent le Maroc pour consolider son indice et l'améliorer :
Atténuer au mieux les écarts de production de richesse par région, régulièrement constatés chaque année par le Haut Commissariat au Plan afin de stabiliser les populations , rurales en particulier, là où elle se trouvent.
Une lutte plus efficace contre le chômage pour réduire les disparités sociales persistantes par une meilleure inclusion des jeunes et des femmes dans le marché du travail.
Cela passe par une généralisation accélérée des centre de formation et une plus grande accessibilité à tous.
Le Royaume, hub mondial de référence et attirant de plus en plus d'investisseurs étrangers, doit refondre une partie de son système éducatif en sensibilisant davantage une partie de sa population, les jeunes en particulier, à ses problématiques de développement économique dans un contexte de compétition mondiale et les inciter de manière précoce , à privilégier des cycles courts de formation aux cycles longs sans débouchés.
L'accélération de la dématérialisation des documents, rendant les démarches administratives de la population plus simples, va permettre également au Maroc de gagner des points supplémentaires.
Enfin , le Royaume devra continuer de limiter l'impact de l'économie informelle en mettant en place une stratégie basée sur la pédagogie, l'information et de accompagnement afin de faciliter l'entrée dans le système conventionnel de la population et d
es entreprises aussi qui en vivent.
Le Maroc a donc franchi une étape importante dans son processus de développement économique et humain.
Le Royaume devra désormais s'atteler à consolider ses acquis en continuant ses réformes ambitieuses pour atteindre à moyen terme ,un indice de développement humain semblable à des pays comme la Turquie ou encore le Brésil.
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