Près de 1,5 million d'emplois générés à l'horizon 2030 pour ramener le taux de chômage à 9 % avec une enveloppe de 15 milliards de DH.
C'est l'objectif que s'est fixé le gouvernement pour lutter contre ce fléau, accompagné d'une batterie de mesures, allant du soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) à la modernisation de la formation professionnelle.
Et si le mal était avant tout psychique ?
Le chômage a souvent été abordé sur le plan structurel et conjoncturel, rarement sur ce volet.
Et pourtant, afin de lutter efficacement contre ce phénomène sociétal qui affecte bon nombre de foyers marocains, le traiter sous cet aspect revêt un caractère tout aussi urgent que les mesures annoncées pour espérer à moyen terme une décrue.
Des idées reçues et des défiances persistantes
Le chômage au Maroc trouve également sa source dans une crise de confiance, voire de défiance, entre le monde du travail et les demandeurs d'emploi.
Les jeunes et les femmes en particulier, sont les principales victimes de l'absence d'opportunités.
Les critères de recrutement de certaines entreprises, relèvent de l'impossible voire de l'absurde.
Aussi, il n'est pas rare de lire certaines offres d'emploi faisant mention de profils hautement qualifiés ne dépassant pas la trentaine d'années, et devant disposer de plusieurs années d'expérience.
Les femmes, en dépit de nombreux efforts destinés à favoriser leur insertion dans le marché du travail, continuent pour des raisons sociétales de rencontrer des difficultés pour s'y insérer.
Les jeunes restent perçus pour un bon nombre de structures comme des profils immatures pouvant mettre en péril leur développement.
Certaines branches freinent l'accès aux femmes à des postes qui selon elles seraient réservés uniquement à la gente masculine.
Côté demandeurs d'emploi, bon nombre d'individus restent (à tort) convaincus que l'ascenseur social au Maroc n'est possible que si l'on dispose de relations (coup de piston) pour y accéder.
Étant élevés et ayant grandi dans cet état d'esprit, par le biais de leurs proches, amis et réseaux sociaux nocifs, le fatalisme de fait prend rapidement le pas sur l'espoir.
La cupidité de certaines entreprises, usant et abusant de stages pour les profils pourtant hautement qualifiés , n'arrange pas les choses.
Pour toutes ces raisons , il n'est pas surprenant que bon nombre de personnes n'entrevoient pas leur avenir au Maroc, de récents sondages font état que plus d'un tiers des personnes interrogées songe à quitter le pays.
Rétablir en urgence un climat de confiance
Avant toutes mesures structurelles , rétablir en urgence un climat de confiance est un impératif pour lutter efficacement contre le chômage au Maroc.
Cela passe par un renforcement de la sensibilisation de la population aux mutations économiques que connaît le Royaume.
Inculquer la valorisation de son potentiel, ses réalisations économiques et sociales depuis plus de 25 ans et surtout son attractivité de part son statut de hub international,doit être enseigné à nos enfants à travers des cours spécifiques dispensés dès le collège.
Oui, réussir au Maroc est possible , oui vivre dignement au Maroc et non ailleurs est possible aussi .
Non il n'y a pas forcément besoin de coup de piston pour accéder à l'ascenseur social.
Nous devons également familiariser nos progénitures au monde du travail, à travers des journées découvertes en entreprise ou l'intervention d'acteurs économiques.
Qui sait, certaines et certains se découvriront des compétences dans certains corps de métiers ou devenir eux-mêmes futurs entrepreneurs.
En plus des mesures proposées par le gouvernement, l'inscription à l' Agence Nationale de Promotion de l'Emploi et des Compétences (A.N.A.P.E.C) pour toute personne ayant quitté le système scolaire et cela quelque soit non niveau d'études, doit revêtir un caractère obligatoire.
Cette mesure consisterait à recenser la population concernée afin de mieux les accompagner dans leur insertion professionnelle, en plus des dispositifs déjà existants qui ont fait leur preuve, à l'image du partenariat entre l'A.N.A.P.E.C et l'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (O.F.P.P.T) en vigueur depuis 2016.
Enfin, la mobilité géographique des candidats doit être encouragée et les entreprises recrutant des profils éloignés géographiquement doivent bénéficier d'allégements fiscaux les récompensant pour cette initiative et une aide financière à l'installation sous certaines conditions versée au candidat afin de favoriser son installation près de son nouveau lieu de travail.
Au delà de mesures structurelles et chiffrées pour lutter contre le chômage, les conditions pour atteindre cet objectif passent impérativement en premier lieu par un changement d'état d'esprit, aussi bien de la part du monde du travail que des candidats eux-mêmes.
En effet, restaurer un climat de confiance entre toutes les parties concernées est la première étape à franchir.
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